Tariq ramadan net worth
Tariq Ramadan
Tariq Ramadan, né le à Genève, est un islamologue et prédicateursuisse d’origine égyptienne[n 1].
Petit-fils du fondateur des Frères musulmans, Hassan el-Banna, il est titulaire d'un doctorat de l'université de Genève pour une thèse consacrée au réformisme islamique, ainsi que de sept ijazat en sciences islamiques à l'université al-Azhar du Caire.
Ancien professeur titulaire de la chaire d'études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford, il donne des cours et conférences au sein de plusieurs universités. Il est auteur de nombreux ouvrages sur le thème de l'islam et l'intégration.
Dans les années , il devient une référence dans certains milieux musulmans.
Parfois décrit comme défenseur d'un islam compatible avec les démocraties occidentales, il est aussi une figure controversée: il est accusé par ses détracteurs d'être un adepte du double discours, modéré pour les médias et fondamentaliste pour son public.
En , il est accusé de viol et de harcèlement sexuel par plusieurs femmes, ce qui conduit à sa mise en congé de l'université d'Oxford.
En , il est mis en examen pour «viol» et «viol sur personne vulnérable» et placé en détention provisoire en France; il reconnaît des relations sexuelles extraconjugales avec les plaignantes et affirme qu'elles étaient consentantes. D'autres plaintes se rajoutent par la suite pour un total de quatre plaignantes.
Il est libéré, placé sous contrôle judiciaire et assigné à résidence en France en . En juin , la cour d’appel de Paris renvoie Tariq Ramadan devant la cour criminelle départementale pour des viols sur trois femmes mais écarte une quatrième plainte. Il est reconnu coupable de faits similaires et condamné par la justice suisse en août
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines et enfance
[modifier | modifier le code]Tariq Ramadan est né en en Suisse[10].
Dernier enfant d'une fratrie de six, il est le fils de Saïd Ramadan et de Wafa el-Banna[11]. Le couple, originaire de la bourgeoisie égyptienne[12], s'est réfugié en Suisse en après l'assassinat en de Hassan el-Banna, fondateur des Frères musulmans et grand-père maternel de Tariq[13]. Son père fut une figure emblématique des Frères musulmans, dont il a fondé la branche palestinienne.
Il est également le frère du prédicateur Hani Ramadan. Celui-ci est interdit de séjour sur le territoire français, pour menace pour l'ordre public, depuis , mesure toutefois considérée par Tariq Ramadan comme électoraliste[14].
En , une source judiciaire déclare que Tariq Ramadan possède deux passeports, un suisse et un égyptien[15],[16],[17].
Tariq ramadan et hassan al banna biography His choice of words, the formulations he uses — even his tone of voice — vary, chameleon-like, according to his audience. University of Oxford. Dreyfus who was Jew yesterday is Muslim today". Books published in French [ edit ].Selon l'AFP, lors de sa libération le , après ses 10 mois de détention, Tariq Ramadan a été interdit de quitter la France et il «a remis ses passeports suisse et britannique»[18]. D'après Libération, les parents de Tariq Ramadan ont été déchus de leur nationalité égyptienne après leur exil politique à l'étranger, et «selon un ancien membre de l’entourage du clan Ramadan, la famille a vécu avec des passeports pakistanais», le père ayant des liens avec ce pays[19].
Lors d'un interrogatoire de justice en , Tariq Ramadan affirme qu'entre , année de sa naissance à Genève, et , il n'avait pas de papiers et ne pouvait voyager, puis qu'ensuite il a eu un passeport pakistanais, et a finalement été naturalisé suisse en [20]. Selon maître Emmanuel Marsigny, interrogé par Libération en , Tariq Ramadan possédait seulement deux passeports suisses et il a spontanément remis le second, dont les juges n'avaient pas connaissance, lors de sa sortie de prison[21].
Durant sa jeunesse, il est décrit comme le moins religieux de sa famille[22]. Sa passion est alors le football: il joue notamment à Collex-Bossy, en deuxième ligue, et au FC Perly, dont il devient l'entraîneur. D'après Le Temps, il aurait pu être professionnel, mais, selon le coentraîneur de Perly, il décroche à la fin des années , lorsqu'il commence à s'intéresser davantage à la religion[23].
Études et formation
[modifier | modifier le code]Tariq Ramadan étudie l'islamologie et la littérature française à l'université de Genève. En , à 24 ans, il se marie à Iman[24], une Franco-suisse née Isabelle Morisset[25], d'origine bretonne, convertie à l'islam, avec laquelle il aura quatre enfants[10],[26],[27].
Entre et , il occupe un poste d'enseignant de français, d'éducateur et de doyen[23] au collège de Saussure, à Genève. D'après Sylvain Besson, du quotidien suisse Le Temps, les élèves l'adorent, et son activisme provoque l'irritation de certains collègues: le soir, il aide les élèves les plus faibles à se préparer au bac et donne des cours pour adultes[23].
Un collègue dit de lui: «Ce qui m’a tout de suite plu chez Tariq Ramadan —que je venais de rencontrer—, c’était la façon dont il parlait de ses élèves ou bien des toxicos dont il s’occupait. Les mots qu’il trouvait étaient justes et résonnaient très fort pour le jeune éducateur français que j’étais.
Personne n’anticipait alors son ambition d’être le réformiste de l’islam du XXIe, comme le fut son grand père au XXe»[28]. Un autre professeur, Jean-Michel Olivier, affirme que Tariq Ramadan a été renvoyé de son poste d'enseignant du collège mais sans en préciser la raison qu'il semble pourtant connaitre: «Nous avons travaillé dans le même collège et collaboré souvent ensemble.
Jusqu'à ce qu'il se fasse virer pour les raisons que vous savez…»[29].
D'après Le Temps, l'engagement politique de Tariq Ramadan débute «dans le sillage des mouvements de jeunes des années , Touche pas à mon pote et SOS-Racisme». Il défend la cause palestinienne et «se lie avec le couple formé par Erica Deuber et Jean Ziegler, qui compteront parmi ses plus importants soutiens politiques»[23].
Au début des années , il crée l'association Coopération Coup de main, organisant des séjours humanitaires en Afrique, au Brésil, en Inde, pour les jeunes de 15 à 18 ans. Les jeunes donnent des coups de main dans des dispensaires, et Ramadan rencontre avec eux le dalaï-lama, Mère Teresa et Dom Hélder Câmara, le fondateur de la théologie de la libération, René Dumont ou encore l'abbé Pierre[23],[30].
Selon Ian Hamel, correspondant à Genève du Point, ces rencontres lui auraient permis ensuite d'apparaître comme un modéré, qui a toujours coopéré «avec des chrétiens et des humanistes agnostiques ou athées»[30].
En , il se rend avec sa femme et ses enfants au Caire afin de poursuivre des cours d'études islamiques.
Il s'y lie d'amitié avec l'islamologue François Burgat, qui dit de lui: «Tariq est venu en Égypte pour suivre des cours de sciences islamiques et que ses enfants s’arabisent. Il redécouvrait le terroir social, politique et culturel de son grand-père. Ce genre de retour est compliqué pour tout musulman occidental, quel qu’il soit.
Mais pour Tariq s’y ajoutait le fait d’être le petit-fils de Hassan el-Banna, à l’égard duquel il ne semblait cependant pas éprouver de fascination»[28]. Entre et , Ramadan étudie les sciences islamiques à l’université al-Azhar du Caire[n 2],[31]. Il y obtient sept Ijazat (licences dont la détention est obligatoire pour enseigner dans différentes matières islamiques)[32].
Il revient en Suisse en pour achever une thèse de doctorat débutée en à l'université de Genève sous la direction de Charles Genequand[33]. Ce dernier refuse cependant de valider la thèse car Ramadan y présente al-Banna comme faisant partie d'un courant réformiste. Il démissionne du jury pour protester contre les pressions de son doctorant, auquel il reproche son arrogance[33].
Un autre jury est formé sous la direction de Reinhard Schultze et la thèse, remaniée, est soutenue et publiée en sous le titre Aux sources du renouveau islamique: d'al-Afghani à Hassan al-Banna: un siècle de réformisme islamique[34],[35],[33],[36].
Selon Vincent Geisser, chercheur au CNRS et à Sciences-Po Aix-en-Provence, la religion est pour Tariq Ramadan un «moyen d'accéder au star-system». Mais sa relation avec les Frères musulmans lui permet d'assoir une légitimité, d'utiliser les réseaux de la confrérie, notamment au Qatar, tandis que les Frères musulmans voient en lui «un produit d'appel pour séduire la jeunesse musulmane».
Selon Camille Neveux, Tariq Ramadan va effectivement émerger dans les années dans la banlieue de Lyon, «se muant en porte-voix d'une jeunesse musulmane en mal de relais et en quête d'identité»[22].
Thèse de doctorat
[modifier | modifier le code]D'après Priscilla Fournier[37], dont le doctorat publié en porte sur la pensée de Tariq Ramadan, ce dernier affirme dans sa thèse «que la pensée de Hassan al-Banna [s'inscrit] dans une lignée de penseurs qu’il associe au réformisme salafi» et «que la confrérie [des Frères musulmans] ne prônait pas la violence au moment de sa fondation par al-Banna».
Ramadan estime qu'«al-Banna se désolait de voir l’Égypte et les Égyptiens se soumettre à l’influence étrangère et souhaitait voir les peuples musulmans se libérer de [leur] influence [et qu'il] désirait plutôt voir les Égyptiens retourner aux principes de l’islam.» Ramadan voit des éléments communs (et auxquels il s'associe) pouvant regrouper sous la bannière de «réformiste salafi» les pensées distinctes de al-Afghani, Abduh, Rida, al-Banna et Qutb, dont notamment la référence permanente aux sources et à l'identité islamique en adéquation avec le contexte socio-politique, une volonté de conserver l'unité de peuples musulmans, l'éducation sur base de l'identité religieuse mais en respectant le choix des peuples notamment dans la participation aux affaires publiques, et la lutte contre la soumission et la domination étrangères[34].
Selon Ramadan, «c’est l’assassinat d’al-Banna en , [l'empoisonnement de Qutb] et la violence du régime de Nasser qui expliquent principalement la radicalisation des Frères. L’évolution de l’action et de l’idéologie des Frères musulmans, tout comme pour le mouvement réformiste en général, est indissociable de la manière dont ils ont été traités par les États, notamment l’Égypte»[34].
D'après le journaliste Mathieu Magnaudeix[38], cette thèse «[a] été jugée en Suisse trop hagiographique et historiquement douteuse, ce qui lui [a] fermé les portes des universités prestigieuses»[39]. Natacha Tatu rapporte que son premier directeur de thèse, Charles Genequand, professeur de philosophie, spécialiste du monde arabe médiéval, jugeant que la thèse est «une compilation de textes encyclopédiques, du copié-collé enveloppé dans un discours apologétique» et s'efforce de présenter Hassan al-Banna dans un mouvement réformiste de l’islam, «en camouflant sa vision au contraire très conservatrice», non seulement refuse de valider la thèse, mais démissionne du jury[33].
Ian Hamel rapporte que le second directeur de thèse, Ali Merad, affirme avoir été menacé d'une plainte s'il n'obtenait pas son doctorat: «J'ai été directeur de thèse pendant près de quarante ans. Je n'ai jamais vu un étudiant se conduire de la sorte»[40].
Selon Tariq Ramadan, Charles Genequand aurait en réalité validé sa thèse et aurait même été prêt à en préfacer la publication chez Bayard mais ce serait à la suite d'une vexation personnelle et à un désaveu par deux membres du jury qu'il aurait démissionné avec Ali Merad et un autre collègue.
La faculté aurait alors remplacé ces derniers par Reinhard Schulze(de), selon lui un «des plus grands spécialistes de l'islam contemporain» ainsi que par les professeurs Bruno Étienne et Richard Friedli[41][sourceinsuffisante]. Selon Ian Hamel, c'est à la suite de l'intervention de Jean Ziegler et de son épouse Erica Deuber-Ziegler ainsi qu'à des menaces de poursuites judiciaires[42],[43], que le second jury est formé.
Siapa hassan al banna: Archived from the original on 29 November Al Arabiya. Archived from the original on 25 October Liens externes [ modifier modifier le code ].
La thèse, expurgée cette fois-ci de passages jugés trop tendancieux[44] est validée par le second jury, composé de Philippe Borgeaud, Bruno Étienne, Reinhard Schulze, Richard Friedli et Sylvia Naef[45]. Un membre reste néanmoins dubitatif: «beaucoup de choses dans la thèse me paraissent désagréables, le côté apologétique, les faux-fuyants sur la violence des Frères musulmans, par exemple»[23],[46].
Elle est publiée chez Bayard en sous le titre Aux sources du renouveau islamique: d'al-Afghani à Hassan al-Banna: un siècle de réformisme islamique[34],[35],[33],[36].
Carrière professionnelle
[modifier | modifier le code]À partir de , il donne des conférences en France, comme en au congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF)[47].
Le , présenté comme un «imam», il participe à l'émission La Marche du siècle. Ses livres, une trentaine, traduits en dix langues, et ses cassettes audio connaissent une diffusion croissante. Selon Sylvain Besson, il s'impose alors comme le porte-parole de la jeunesse musulmane[23]. Selon Said Branine, créateur du site d’information , «Tariq Ramadan a rendu fiers beaucoup de jeunes musulmans français qui se sentaient floués.
Or la fierté, c’est une arme de séduction massive»[48].
Les conférences s'enchaînent, d'abord en Europe, puis à l'échelle internationale[23]. Selon Europe 1, Ramadan adapte son discours selon son public, se définissant parfois comme «salafi», parfois non, ce qui lui vaut des accusations de «double discours»[22],[49].
D'après Le Temps, Tariq Ramadan «insiste sur la nécessité pour les musulmans de s'intégrer en Occident, tout en prônant une vision littérale des textes islamiques», s'inquiétant notamment du relâchement des mœurs en Occident[23]. Le Figaro le décrit comme «une rare figure médiatique et populaire de l'islam en Europe»[50].
En , il crée l'association Musulmans, Musulmanes de Suisse (MMS)[23].
Lors des attentats islamistes de en France, il est interdit de séjour sur le territoire français, en raison —selon Sylvain Besson du Point— de sa proximité avec les Frères musulmans. Le ministre de l'Intérieur de l’époque, Jean-Louis Debré, déclare a posteriori que le Gouvernement avait «de bonnes raisons de le faire», alors que le Centre islamique de Genève, point d'ancrage de la famille Ramadan, est suspecté de servir de plaque tournante au Front islamique du salut (FIS) et du Groupe islamique armé (GIA).
Il est alors soutenu par le Collectif des musulmans de France. L'interdiction est levée quelques années plus tard[23],[51].
Il est membre de la «Commission laïcité et islam» de à , un groupe de réflexion créé sous l'impulsion notamment de la Ligue de l'enseignement[28].
Il est ensuite professeur contractuel de français au collège de Saussure pendant plusieurs années, durant lesquelles il donne en parallèle des conférences sur sa vision de l'islam[52].
Entre et , il est, à l'université de Fribourg, «engagé en qualité de chargé de cours dans le domaine des sciences des religions au sein de la Faculté des lettres […] lié par un contrat portant sur une heure hebdomadaire d’enseignement de l’islam[53]» —ce qui lui aurait permis, selon Ian Hamel correspondant à Genève du journal Le Point, d'«usurper le titre de professeur d’université[12]».
Tariq Ramadan dispense ses cours bénévolement, ayant demandé à l'université de reverser sa rémunération annuelle de 6 euros au profit de l'association Musulmans et musulmanes de Suisse, dont il est président[54].
En , l'université Notre-Dame-du-Lac (catholique), à South Bend (Indiana) lui offre une double chaire permanente de sciences islamiques[55].
Mais il est finalement frappé d'une interdiction de visa par les États-Unis[44]. Il est également attaché au Joan B. Kroc Institute pour traiter des relations entre les religions, des conflits et de la promotion de la paix)[55].
En , à la suite des attentats de Londres du 7 juillet, Tariq Ramadan est invité à participer à un groupe de réflexion lancé par le Premier ministre, Tony Blair, sur le problème de l'extrémisme islamique au Royaume-Uni[27].
Le ministre du gouvernement Blair Denis MacShane déclare: «Avec son charme, son calme, son accent français délicieusement suisse, Tariq Ramadan était vu comme une alternative aux prédicateurs ultra durs qui prêchaient le djihad. Ramadan a très bien su utiliser la crainte de la Grande-Bretagne d'être accusée d'islamophobie pour infiltrer l'establishment.
Quand j'ai commencé à découvrir ses propos antidémocratiques et antifemmes et sa détestation des Juifs, j'ai alerté mon ami Timothy Garton Ash – un grand professeur, mais en vain»[51].
La même année, il obtient une bourse universitaire pour intégrer en tant que professeur invité le centre d'études proche-orientales du St Antony's College de l'université d'Oxford[27].
Il y est professeur titulaire de la chaire d'études islamiques contemporaines[56]. D'après Haoues Seniguer, maître de conférences à Sciences Po Lyon[n 3], c'est «au prédicateur Youssef al-Qaradâwî que Tariq Ramadan doit en partie sa nomination en tant que professeur en études islamiques contemporaines au St Anthony’s College[26].» Tariq Ramadan s'en défend.
Selon lui, bien que cette chaire ait été initialement financée par la Fondation du Qatar, «ni le Qatar n'est proche de moi, ni moi je ne suis proche du Qatar»; et «la chaire d’Oxford est une chaire permanente, que le Qatar a certes financée, mais dont la gestion est sous l’autorité exclusive d’Oxford»[57].
Le , alors qu'il doit se défendre de deux plaintes pour viol en France et d'abus sexuel sur des mineures en Suisse, «d’un commun accord et avec effet immédiat», Tariq Ramadan est mis en congé de son poste de professeur d'études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford[58].
En , paraît son livre Mon intime conviction, vendu à 35exemplaires[59].
Il est président du think tankEuropean Muslim Network, membre de l’Union internationale des savants musulmans[27], et a siégé au sein du groupe consultatif sur la liberté de religion ou de croyance du bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth[60] —«présidé par Sayeeda Warsi, alors secrétaire d’État chargée des Affaires religieuses et des Minorités, celui-ci comprenait une quinzaine de spécialistes des questions de liberté confessionnelle, dont des associations comme Human Rights Watch et Liberty[61]».
Depuis , il est directeur du Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique (CILE), fondé en , au sein de la Faculté des études islamiques, à Doha (Qatar), professeur invité à la même faculté qatari, à l’université Mundiapolis (Maroc), où il enseigne la philosophie, et chercheur à l’université Dōshisha (Kyoto, Japon)[32],[62],[28],[63].
Selon Omero Marongiu-Perria, Docteur en Sociologie[64], l'époque où Tariq Ramadan s'investit dans ses activités au Qatar correspond à une baisse de son influence, ses audiences vidéo diminuant, ainsi que l'affluence dans ses conférences. Certains responsables associatifs critiquent un décalage entre ses discours et ses actes.
Par exemple, Tariq Ramadan demande aux associations de se dispenser des financements du Qatar, tout en fondant lui-même un centre au Qatar financé par les autorités qatariennes[65]. Selon Hanan Ben Rhouma, rédactrice en chef du site d'informations sur l'islam SaphirNews, à mesure que Tariq Ramadan se tourne vers le grand public et l’international, son audience diminue auprès des sphères militantes[66].
Fin , pour Ian Hamel du Point, Tariq Ramadan ne serait plus le bienvenu au Qatar après ses mises en examen pour viols, qui nuiraient à l’«image de l'émirat». Antonio Amaniera, responsable du site dédié au Qatar, affirme que «selon mes sources à Doha, cela va encore plus loin: Ramadan serait interdit de séjour. On lui a vivement conseillé de ne plus mettre les pieds dans l'émirat afin d'éviter de gros ennuis.» Tariq Ramadan se rendait une ou deux semaines par mois dans le Golfe, et il reste, officiellement, directeur du «Centre de recherche sur la législation islamique et l'éthique» au Qatar[67].
Début , la presse, se basant sur une note du service de renseignement Tracfin, révèle que Tariq Ramadan a perçu, en qualité de consultant, des versements mensuels de 35euros de la Qatar Foundation[68] alors qu'il a toujours prétendu dispenser ses conférences bénévolement[69]. Ainsi, Tariq Ramadan a rapatrié de son compte qatari euros le , ce qui lui a permis de s'acheter un duplex sur la butte Montmartre à Paris[70].
D'après un article du Point du , ses frais d'avocats dans les affaires de viols seraient d'environ euros depuis un an[71].
À partir de , Tariq Ramadan publie des recueils de poésies, dont certaines sont déclamées par lui et mises en musique[72].
Affaires judiciaires
[modifier | modifier le code]Accusations de viols et harcèlements
[modifier | modifier le code]En France
[modifier | modifier le code]Le , Henda Ayari porte plainte contre Tariq Ramadan pour «des faits de viol, d'agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation»[73],[74],[75].
Tariq Ramadan conteste l'accusation le et son avocat annonce le dépôt d'une plainte pour dénonciation calomnieuse[76]. Le , une nouvelle plainte, similaire à la première, est déposée par une deuxième femme[77],[78],[79]. Cette affaire survient dans le sillage du scandale de l'affaire Weinstein, qui a été suivie en France par la campagne #BalanceTonPorc sur Twitter, incitant les femmes victimes de harcèlement ou d'abus sexuel à se manifester.
Le , Tariq Ramadan est placé en garde à vue après avoir été entendu par la police judiciaire de Paris[80].
Le , il est mis en examen pour «viol» et «viol sur personne vulnérable»[81] et incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis[82],[83].
En , une troisième femme, Mounia Rabbouj, porte plainte pour viols contre Tariq Ramadan[84] et les médias révèlent qu'une quatrième femme, américaine, a porté plainte contre lui auprès de la police de Washington[85]. Tariq Ramadan reconnaît avoir entretenu une relation avec la troisième plaignante[86].
Mediapart et l'hebdomadaire belge Le Vif révèlent en l'existence d'un accord confidentiel conclu en entre Tariq Ramadan et une femme, Majda Bernoussi[87],[88]. Toujours en , une cinquième plainte est déposée à son encontre pour viol, contrainte sexuelle et séquestration par une Suissesse[89],[90].
Alors qu'il avait refusé d'exposer sa vie sexuelle aux enquêteurs, il reconnaît devant les juges d'instruction avoir eu cinq liaisons extraconjugales. Il nie cependant avoir exercé la moindre violence sur ses amantes, et soutient que sa célébrité et son charme physique lui valent d'être harcelé par des femmes[91],[92].
Le , la chambre d'instruction ordonne la mise en liberté sous contrôle judiciaire avec des mesures «classiques»: verser une caution de euros, ne pas sortir du territoire français, remettre son passeport suisse, pointer une fois par semaine au commissariat et ne pas entrer en contact avec les plaignantes ou certains témoins.
Il reste poursuivi pour viols[93],[94].
Le , la cour d'appel de Paris rejette la demande de levée des deux mises en examen pour viol déposée par Tariq Ramadan[95]. Désormais installé à Saint-Denis, il assiste, dans cette ville, à une conférence sur les violences faites aux femmes, ce qui suscite une polémique[96].
Le centre Tawhid, «qui gère la principale mosquée de la ville», révèle avoir entamé des démarches afin que le théologien libère les locaux mis à sa disposition, tout en assurant que cette «décision n’est pas liée à [sa] situation[97]».
À la fin du mois d’, il est révélé que Tariq Ramadan est visé depuis le mois de par une nouvelle plainte en France pour des faits de viol en réunion qui se seraient déroulés en au Sofitel de Lyon[98],[99].
Il s'agit d'une journaliste de radio dénonçant une agression sexuelle qu'elle déclare avoir subie alors que Tariq Ramadan lui accordait un entretien dans sa chambre d'hôtel[]. Selon Le Monde du , les enquêteurs doutent de la crédibilité de la plaignante, qui ne s'est pas rendue à leur convocation, qui a été précédemment condamnée pour dénonciation calomnieuse, et n'aurait jamais été journaliste[].
En juillet , le parquet demande un procès aux assises pour Tariq Ramadan[].
En mars , le parquet général demande un procès pour viol pour une seule de ses quatre accusatrices[]. Dans son réquisitoire le magistrat en charge infirme partiellement l’ordonnance de renvoi de Tariq Ramadan pour les chefs de «viols par violence, contrainte, menace ou surprise au préjudice d’Henda El Ayari, Mounia Rabbouj et Nais Lorain» mais ordonne sa mise en accusation pour les «faits de viols concernant Christelle, la quatrième plaignante».
Cette décision est en contradiction avec celle du parquet de Paris qui avait demandé en juillet le renvoi de l’islamologue devant les assises pour les quatre affaires[]. En juin , la cour d’appel de Paris renvoie Tariq Ramadan devant la cour criminelle départementale pour des viols sur trois femmes mais écarte une quatrième plainte[].
Condamnation en Suisse
[modifier | modifier le code]En , il est mis en examen pour «viol et contraintes sexuelles» par la justice suisse[]. La plaignante l'accuse de l'avoir violée à trois reprises et frappée pendant plusieurs heures passées dans une chambre de l’Hôtel Mon Repos à Genève, du 28 au [].
Pendant son procès du 15 au , il dénonce un complot[]. La chroniqueuse Pascale Robert-Diard du Monde relève la rudesse avec laquelle la plaignante a été interrogée par les juges, alors que lui était simplement écouté sans être interrompu ni contredit par le tribunal[]. Il est acquitté le , le tribunal n’ayant «pas été en mesure de se forger une intime conviction au-delà du doute insurmontable»[].
En appel, le , la Cour de justice de Genève annule le jugement du tribunal correctionnel et reconnait l’islamologue «coupable de viol et de contrainte sexuelle pour la quasi-totalité des faits dénoncés»[]. Les trois juges retiennent cette fois «que plusieurs témoignages, certificats, notes médicales et avis d'experts privés concordent avec les faits dénoncés par la plaignante», de telle sorte que «les éléments recueillis [ont] emporté la conviction de la chambre quant à la culpabilité du prévenu»[],[].
Il est condamné à une peine de prison de trois ans, dont un an ferme[],[].
Condamnation pour le livre Devoir de vérité
[modifier | modifier le code]En , alors que Tariq Ramadan est sur le point de publier son livre Devoir de vérité, «Christelle», l'une des femmes qui l'accuse de viol, dénonce à la justice que son vrai nom a été mentionné dans l'ouvrage, la loi disposant qu'il est interdit de diffuser «des renseignements concernant l'identité d'une victime d'une agression ou d'une atteinte sexuelles».
Elle réclame l'anonymisation des 84 passages incriminés, ce qui revient de fait à interdire la publication de l'ouvrage à la date prévue du . Le , Tariq Ramadan est condamné à verser un euro symbolique de dommages et intérêts à la plaignante et 2euros pour les frais de justice. La justice autorise cependant la commercialisation de l'ouvrage, considérant que l'identité de la plaignante avait déjà été rendue publique et que cela porterait une «atteinte excessive et disproportionnée à la liberté d’expression»[],[],[].
Lors du procès qui se tient en , Tariq Ramadan est condamné à 3euros d'amende, dont 2 avec sursis. De plus, lui et son éditeur doivent payer à Christelle 5euros de dommages et intérêts. Tariq Ramadan fait appel de cette décision de justice[],[].
Influences
[modifier | modifier le code]Selon Ian Hamel, Tariq Ramadan —qui affirme ne pas appartenir à la confrérie des frères musulmans— ne remet en cause son grand-père (fondateur de l'organisation) dans aucun de ses écrits, lui ayant même consacré sa thèse universitaire intitulée Aux sources du renouveau islamique[].
Dans ce travail, il va même jusqu'à présenter Hassan el-Banna comme une sorte de «Gandhi musulman»[]. Le même journaliste écrit par ailleurs: «lorsqu'il dirigeait le Foyer culturel musulman de Genève, Tariq Ramadan a baptisé son bulletin Jalons, renvoyant à Jalons sur le chemin de l'islam de l'idéologue Sayyid Qutb, le plus extrémiste des Frères musulmans égyptiens[]».
Pour l'universitaire Samir Amghar[n 4]; «c'est quelqu'un qui peut être considéré comme un néo-Frère musulman autonome», précisant que, malgré le fait qu'il n'en soit pas officiellement membre, il s'inscrit dans une forme de filiation doctrinale frériste[44]. Le Monde diplomatique estime cependant que Tariq Ramadan a pris ses distances avec les Frères musulmans égyptiens et qu'il est dans «la lignée des réformistes islamiques qui ont marqué la fin du XIXesiècle et la première moitié du XXe, fidèle encore à l’ijtihad (effort d’interprétation)»[].
Pour le sociologue Omero Marongiu-Perria, ex-membre des Frères, «Tariq Ramadan n'a jamais prêté allégeance, mais il n'en a pas besoin, sa filiation suffit»[12].
Pour Ian Hamel, Tariq Ramadan a été influencé par le déclin de son père, Saïd, qui «eut longtemps un rayonnement considérable dans le monde musulman» mais qu'il n'a jamais connu que comme «un homme seul, meurtri, oublié par ses anciens amis».
Une de ses motivations serait de «reprendre le flambeau qui a échappé des mains de son père»[13].
Le frère de Tariq, Hani Ramadan, réside à Genève, où il dirige le Centre islamique de Genève.
Tariq ramadan et hassan al banna biography wikipedia Retrieved 30 March Newman , Wilfred Feinberg and Reena Raggi — ruled that the Court had "jurisdiction to consider the claim, despite the doctrine of consular nonreviewability". In February Salon. Bibliography [ edit ].Il s'est fait connaître après avoir publié dans Le Monde un article sur la charia où il dit de la lapidation qu'«elle constitue une punition, mais aussi une forme de purification[]». D'après Ian Hamel, «les deux frères ont des approches non seulement dissemblables mais opposées[13]».
Selon Ian Hamel, une autre personnalité qui a influencé Ramadan est Malcolm X: «un tribun extraordinaire, d’une intelligence vive, jouissant d’une immense popularité, […] capable de se remettre en question [:] un vrai intellectuel [et un rebelle].
Tout ce que Tariq Ramadan aspire à être»[13].
L'Orient-Le Jour note que «son parcours l'a hissé au rang de superstar de l'islam européen moderne» mais que «malgré sa soif de se «mondialiser», Tariq Ramadan n'a jamais vraiment eu d'écho particulier dans les pays arabes, bien qu'il se rende dans certains d'entre eux, pour donner des conférences.» Samir Amghar note que «Pour le Proche et le Moyen-Orient, son discours impacte peu» et qu'il n'a pas la même notoriété en Grande-Bretagne qu'en France («en étant de moins en moins présent en France ou en Belgique»).
Haoues Seniguer ajoute que «Ramadan est devenu une élite. Avant, il était accessible, toujours prêt à intervenir dans des associations, alors qu'aujourd'hui il facture, sauf exceptions, ses interventions. Il y a une logistique derrière, parce que c'est un nom et qu'il ramène du monde.» Contrairement aux années , où cette personnalité clivante a formé une nouvelle génération de musulmans, «les nouvelles générations ont de plus en plus de mal à se reconnaître en Tariq Ramadan, parce que la mode de la conférence est passée», estime Samir Amghar.
Tariq ramadan et hassan al banna biography in urdu There is double-talk, yes, but there is also double-hearing. His wife was born in Bretagne , France. Il reste poursuivi pour viols [ 93 ] , [ 94 ]. Retrieved 22 OctoberLa «concurrence dans le champ islamique» a nui à sa notoriété, «de plus en plus de prédicateurs s'exprimant en français, avec la capacité de le concurrencer», conclut Seniguer[44].
Idées et prises de position
[modifier | modifier le code]En , Tariq Ramadan participe à une manifestation de soutien à une lycéenne musulmane en grève de la faim, à Grenoble, avec l'Union des jeunes musulmans, des anciens membres de la marche des beurs déçus de la présidence de François Mitterrand.
Il découvre les quartiers délabrés du sud-est de la France, le chômage, le trafic de drogue et la toxicomanie, devenant une personnalité populaire et y fondant sa maison d'édition Tawhid. Alors que la France ne compte pas d'orateur identifié pour parler de ces problèmes, Tariq Ramadan séduit par son charisme, même si certains camarades lui reprochent déjà son esprit rétif à la critique[12].
Il se fait connaître en France en , après la publication d'un ouvrage intitulé Les musulmans dans la laïcité. «C'est peut-être la seule personnalité religieuse et intellectuelle qui puisse assurer une sorte de fonction tribunitienne auprès d'une large partie des musulmans qui regardent les émissions télévisées dans lesquelles il est invité, et qui soit capable, du point de vue du téléspectateur musulman, de tenir «la dragée haute» à ses contradicteurs», note l'universitaire Samir Amghar.
Il émerge donc comme «un homme capable de représenter un islam moderne compatible avec les valeurs européennes», estime L'Orient-Le Jour, ses livres et ses cassettes se vendant bien et Tariq Ramadan apparaissant de plus en plus dans les médias, à la grande satisfaction de son public[44]. Il devient une référence pour de nombreux musulmans[],[28],[],[], donnant de nombreuses conférences, notamment avec l'UOIF[12].
L'essayiste Caroline Fourest considère pour sa part que «son public l'écoute et le suit comme un vrai chef de secte»[44]. Selon Michaël Privot, personnalité médiatique belge et militant pour l'islam libéral, les élèves ayant participé aux cours de Tariq Ramadan, bien que ce dernier ne «cesse de s'en défendre», étaient «installés automatiquement dans une position de maître à disciples, renforcée par l'aura médiatique du maître et l'impression que dégageait un certain nombre de participant(e)s de ne pouvoir et ne vouloir exister qu'au travers d'une proximité avec la star communautaire»[].
Les prises de position polémiques de Tariq Ramadan, notamment concernant le moratoire sur la lapidation, en ont fait une personnalité controversée à partir de la décennie suivante[44].
Dans son livre Mon intime conviction, paru en , Tariq Ramadan développe ses différentes idées et positions.
En dépit d'une production littéraire «pléthorique», Tariq Ramadan n'est, selon Ian Hamel, «en aucun cas considéré comme un théologue compétent par les spécialistes de l'islam. Son succès auprès de la communauté musulmane francophone semble davantage découler de sa maîtrise des codes de la communication moderne et de son charisme que d'un apport intellectuel conséquent, contrairement à ce que ses partisans tentent de faire croire.»[]
Intégration
[modifier | modifier le code]Tariq Ramadan avance que son objectif est «de montrer, théoriquement autant que pratiquement, que l'on peut être tout à la fois pleinement musulman et occidental et que, au-delà de nos différences apparentes, nous partageons beaucoup de valeurs à partir desquelles le «vivre ensemble» est possible dans nos sociétés pluralistes, multiculturelles, et où coexistent plusieurs religions.»[].
Tariq Ramadan affirme qu'«il n'y a rien dans l'islam qui s'oppose à la démocratie»[],[]. Il estime cependant que son message est «difficile à faire entendre en ces temps de débats passionnés, où les voix se confondent et la surdité se généralise»[].
Selon le journaliste Christian Makarian, Tariq Ramadan «travaille au cœur de nos banlieues et cherche à tracer un chemin qui permette aux musulmans de pratiquer leur foi et aux Occidentaux de sauvegarder leurs principes»[].
Selon Caroline Fourest, «les journalistes s’étant contentés de l’interviewer le présentent volontiers comme un intellectuel musulman défendant un islam européen moderne voire moderniste, pouvant permettre de réconcilier les Européens de culture musulmane avec leur identité et leur citoyenneté»[].
Le journaliste Éric Rouleau du Monde diplomatique voit dans le livre Les Musulmans d'Occident et l'Avenir de l'islam «un plaidoyer pour l'intégration», où Tariq Ramadan a pour «objectif proclamé de réconcilier l’islam avec la modernité» et invite les musulmans à rejeter toutes formes de «communautarisme».
Selon Tariq Ramadan, la charia détermine «comment être musulman» et demeure valable aujourd'hui, mais elle n'est pas d’essence divine et peut donc s’adapter aux exigences de la vie démocratique, dans le cadre de la sphère privée. Pour Ramadan, le Coran a été écrit en fonction du contexte d'une époque et ne contient que peu de principes immuables: la très grande majorité des versets du Coran sont pour lui «susceptibles d’être interprétés».
D'ailleurs, pour Éric Rouleau, le livre de Tariq Ramadan devrait probablement être interdit dans la plupart des États arabes, faisant preuve d'hérésie quant aux ré-interprétations des livres saints de l’islam. Tariq Ramadan invite tous les musulmans à respecter les lois des pays occidentaux, tout en s'investissant dans des associations de défense des droits de la personne pour lutter contre le racisme et la discrimination[].
Tariq Ramadan, lors d'une interview au Point, déclare s'opposer à l'existence d'un parti islamique en France. Pour lui, les musulmans doivent s'intégrer aux différents partis politiques déjà existants[59].
Identité musulmane et laïcité
[modifier | modifier le code]Il plaide pour que les musulmans vivant en Occident ne se considèrent plus comme des étrangers, ou comme des résidents temporaires mais comme des citoyens à part entière.
Selon lui, ce changement de mentalité doit éviter toute aliénation: il réclame le droit d'«être musulman européen» (titre d'un autre de ses livres), demandant aux parents immigrés de ne pas confondre culture et religion. Il écrit dans Les musulmans dans la laïcité:
«Un musulman, résident ou citoyen, doit se considérer sous l'effet d'un contrat à la fois moral et social avec le pays où il séjourne.
En d'autres termes, il se doit d'en respecter les lois.»
Interrogé sur la place de l’islam dans la laïcité, il affirme: «Il n’y a aucun problème avec la laïcité pour l’infinie majorité des musulmans, ce sont quelques groupes qui ont un problème et qui ne la respectent pas[].»
D'après un article du Figaro datant de , le discours de Tariq Ramadan sur la laïcité a changé.
Dans un premier temps, il pense que la laïcité pose un problème au niveau des pratiques religieuses et doit donc être «ouverte» et «capable de se négocier pour faire une place à l'islam». Ensuite, l'étude de la loi de sur la séparation de l'église et de l'état le conduit à penser que «les marges de manœuvres jadis offertes aux catholiques, aux protestants et aux juifs, permettent aujourd'hui aux musulmans de trouver leur voie»: la loi telle qu'elle est offre «toute latitude», sans qu'il soit même besoin de «négocier».
Tariq Ramadan ne réclame donc finalement que l'application de cette loi et déclare:
«Que dis-je en France à mes auditeurs musulmans? Vous n'avez pas à être moins vous-même pour être Français. Ne demandez pas à la France de changer mais réclamez-lui d'appliquer ses propres règles avec cohérence[].»
En outre, selon Le Monde diplomatique, déjà en Tariq Ramadan considérait la laïcité comme un «faux problème», dans la mesure où selon lui l’islam, malgré son message globalisant, «distingue le privé du public, le religieux du politique»[].
Selon Slate, Ramadan s'appuie sur une vision de la laïcité française qui autorise l’exercice de la liberté de culte sans que celle-ci soit limitée à la sphère privée: elle peut avoir une existence publique[59].
Dans son livre Peut-on vivre avec l'islam?, il dit que le musulman ne se définit pas par ses croyances mais par ses pratiques, et que la pratique régulière, et en toute légalité, des rites musulmans en Europe, est à l'origine de tensions sociales parce qu'elle est ressentie comme un refus d'intégration plutôt que le contraire, qui est l'auto-détermination en tant que musulman européen.
Il considère que les musulmans devraient être des citoyens actifs, et agir contre l'injustice dans le cadre des différentes associations (syndicats, parents d'élèves, etc.)[réf.nécessaire].
Hassan al-banna books S embassy in Paris, testified that he had studied with Ramadan. Ramadan was inadmissible based solely on his actions, which constituted providing material support to a terrorist organization. Ramadan is prosecuted but not convicted, and if he gets convicted, then it would be because of the evidence, not because of his religion". Want to Read saving… Error rating book.En ce qui concerne les femmes voilées, Ramadan déclare qu'il «est inacceptable d’imposer le port du foulard aux femmes, comme en Iran et Arabie saoudite, comme il est inacceptable de leur imposer de l’enlever». Pour lui, le fait de porter un foulard tient à la liberté de conscience et «n’a rien en soi de communautaire»[59].
Salafisme
[modifier | modifier le code]Il déclare en sur la radio Beur FM:
«Il y a la tendance réformiste rationaliste et la tendance salafiste au sens où le salafisme essaie de rester fidèle aux fondements. Je suis de cette tendance-là, c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de principes qui sont pour moi fondamentaux, que je ne veux pas trahir en tant que musulman[].»
Selon un article de Sahra Mekboul et Arezki Metref paru dans Libération, l'originalité de Tariq Ramadan est d'être à la fois pour l'intégration et l'intégrisme: il préconise aux musulmans de s'intégrer sans abandonner les fondements de leur foi, et il est donc opposé à un islam «libéral».
Les deux auteurs voient aussi une autre innovation dans son discours: faire de la pratique de l'islam non un enfermement dans le fondamentalisme, mais un mouvement de «libération» des musulmans, qu'il décrit comme des opprimés dans le «nouvel ordre du monde». L'islam prendrait alors le relais des «idéologies progressistes comme le socialisme scientifique»[].
Bien qu'il soit moins radical que les salafistes, ses positions sont cependant considérées comme contradictoires, promettant une réforme de l'islam, sans en toucher aux fondamentaux, tenant un discours puritain sur la famille, le mariage ou encore la mixité[12].
Identité nationale
[modifier | modifier le code]Pour Tariq Ramadan, il n'y a pas d'identité nationale:
«Nous avons des identités multiples et en mouvement, et rien ne s'oppose (religieusement, légalement ou culturellement) à ce qu'une femme ou un homme soit à la fois européen(ne) ou américain(e) et musulman(e).
L'islam est bien sûr un et unique sur le plan des principes religieux fondateurs, mais il intègre diversité d'interprétations et pluralité des cultures. Son universalité provient d'ailleurs de cette capacité à intégrer la diversité dans son unicité fondatrice[].»
Attitude des Occidentaux musulmans
[modifier | modifier le code]L'Orient-Le Jour note que «Tariq Ramadan s'est mué en monstre médiatique capable de salves verbales mémorables à la télévision face à ses nombreux détracteurs, brandissant son joker fétiche, celui de victime, lorsqu'il se trouve à court d'argument.
[…] Quiconque s'attaque à sa personne est en pratique automatiquement taxé d'être islamophobe»[44]. Caroline Valentin, auteur d'Une France soumise, qualifie de «tragique» ce recours au concept d'islamophobie par Tariq Ramadan, estimant que «l'islamophobie est une mystification qui vise à réduire au silence tous ceux qui voudraient voir progresser l'islam vers un islam éclairé, un islam réformé, une religion de paix»[].
Dans un discours lors de la Rencontre annuelle des musulmans du Nord[], Ramadan expose sa conception d'une France de l'islam intégrée à l'ensemble du monde musulman:
«La France est une culture maintenant musulmane. L'islam est une religion française. La langue française est une langue de l'islam.
Vous avez la capacité culturelle de faire que la culture française soit considérée comme une culture musulmane parmi les cultures musulmanes.»
Financement des mosquées
[modifier | modifier le code]Lors d'un entretien dans une radio suisse, Tariq Ramadan est interrogé sur la Mosquée de Genève, qui, selon RTS, est «régulièrement critiquée, et financée en grande partie par l’étranger».
Il déclare alors que «l’islam en Suisse ne doit pas être financé par l’étranger»[].
Loi sur les signes religieux
[modifier | modifier le code]Avant le vote de la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises, il engage ceux qui le suivent à s'opposer au projet de loi, au nom de l'islamophobie supposée de celle-ci.
Dans un texte paru sur [], il déclare:
«La lutte que nous sommes en train d’entamer sera longue et elle exige une vision claire des enjeux globaux présents et futurs. […] il faut se lever aujourd’hui et s’opposer à ce projet de loi discriminatoire et insensé.»
Au moment où ce débat a lieu dans le pays, est organisée une rencontre télévisée entre lui et le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, lors de l'émission minutes pour convaincre.
Sur le thème du voile islamique à l'école, lorsque Nicolas Sarkozy lui demande s'il peut demander que les élèves musulmanes portent seulement un signe discret d'appartenance, Tariq Ramadan répond: «elles peuvent enlever le voile». Alors que Sarkozy le coupe en demandant «on peut, ou on doit?», Ramadan répond que le point de vue de Nicolas Sarkozy «ne correspond pas à la loi de », ni à l'arrêt du Conseil d'État de
Mariage mixte
[modifier | modifier le code]Tariq Ramadan distingue deux dimensions au mariage: le mariage entre deux personnes de religions différentes et l’union de deux cultures différentes.
Concernant la dimension religieuse, il rappelle les règles coraniques: le musulman peut se marier avec une juive ou une chrétienne, mais la musulmane ne peut se marier qu'avec un musulman[]. Cependant, il rappelle qu'il ne faut pas frapper d’ostracisme une femme musulmane mariée avec un non-musulman: «elles sont et demeurent musulmanes et il n’y a lieu ni de les condamner ni de les juger».
Quant à l’union de deux cultures différentes, Tariq Ramadan met en avant la difficulté de construire un couple à travers des cultures différentes et appelle à la prudence et au discernement, mais il ajoute que «chacun est en droit de faire librement ses choix et ceux-ci doivent être respectés.»[]
Châtiments corporels, lapidation
[modifier | modifier le code]Dans Frère Tariq (), Caroline Fourest accuse Tariq Ramadan de ne pas condamner la lapidation.
Au contraire, pour le journal Le Temps, il est clair que Tariq Ramadan «condamne personnellement la lapidation, la peine de mort et les autres châtiments corporels»[]. De même, Le Courrier estime que Ramadan «se montre clairement opposé à ces pratiques», mais ajoute que, selon Tariq Ramadan, il est inutile de poser des ultimatums aux musulmans ou de les «condamner sur-le-champ», car Ramadan estime que «la réflexion et l'évolution des mentalités ne sont possibles qu'à partir de dynamiques endogènes aux sociétés»[].
Ramadan lance en un «appel international à un moratoire sur les châtiments corporels, la lapidation et la peine de mort dans le monde musulman»[]. Il affirme que cette mesure «aurait le double avantage de faire cesser immédiatement ces pratiques au nom même de l'exigence de justice de l'islam et d'entamer une réflexion de fond».
Il ajoute:
«Lorsque nous appelons à un moratoire sur les châtiments corporels, la lapidation et la peine de mort, des voix se font entendre en Occident affirmant: «C'est inacceptable, ce n'est pas assez!». D'autres, dans le monde musulman, s'exclament: «C'est inacceptable, c'est une trahison de nos références!».
À mi-chemin entre ces deux attitudes, l'appel au moratoire est une directe et nécessaire interpellation à l'adresse du monde musulman à partir de ses propres références (et de l'intérieur) parce que nous sommes convaincus que la réflexion et l'évolution des mentalités ne sont possibles qu'à partir de dynamiques endogènes aux sociétés[].»
En , il défend à nouveau sa position en faveur du moratoire, déclarant: «Les pays musulmans prennent [les] textes très au sérieux […] il ne suffit pas de condamner pour faire avancer les choses […].
Il faut ouvrir le débat et trouver une pédagogie […]. Ma position est l'arrêt total des châtiments corporels[]».
Bikini
[modifier | modifier le code]Dans son livre Les Grands Péchés, il conseille aux musulmans d'éviter les piscines mixtes, afin de ne pas avoir à regarder les femmes en bikini[40].
Questions internationales
[modifier | modifier le code]Conflit israélo-palestinien
[modifier | modifier le code]Pour résoudre le conflit israélo-palestinien, Tariq Ramadan s'est déclaré en faveur d'«un seul État, dans lequel tout le monde vit[]».
Tariq Ramadan considère que le Hamas ne devrait pas être qualifié d'organisation terroriste par l'Union européenne.
Au printemps , il signe la pétition de la Belge Nadine Rosa-Rosso intitulée Appel pour le retrait du Hamas de la liste européenne des organisations terroristes[],[].
Terrorisme islamiste
[modifier | modifier le code]Réagissant à l'enlèvement des lycéennes de Chibok () par les djihadistes de Boko Haram, Tariq Ramadan le condamne, avant de pointer la responsabilité de l'Occident, coupable de ne réagir qu'«à des exactions de cette nature sur le plan émotif» encourageant les terroristes à agir ainsi.
Marianne estime alors qu'il s'agit d'«une dialectique largement en vogue dans les milieux de la sociologie d’extrême gauche qui nous explique encore aujourd’hui très sérieusement que le terrorisme islamiste n’est que la conséquence du racisme des Occidentaux»[].
Il condamne l'attentat de Paris contre Charlie Hebdo en , mais en visant les services de renseignement: «On a entendu hier [que les frères Kouachi] ont oublié leurs cartes d’identité dans la voiture, deux cartes d’identité… d’un côté tant de sophistication, de l’autre tant de stupidité… Nous devons demander qui sont ces gens, nous devons demander comment ils ont été en capacité de faire cela […] Nous devons creuser, aller plus profond, nous devons demander quelles sont leurs connexions, quel est le rôle des services secrets dans toute cette affaire, où sont-ils, comment cela a-t-il pu se passer de cette manière […] nous devons condamner, mais nous ne devons pas être naïfs»[].
Au sujet du slogan «Je suis Charlie», il déclare: «si Charlie veut dire défendre la liberté d’expression et refuser le meurtre alors je le suis, si Charlie veut dire donner un crédit sans discussion critique sur le type d’humour alors non»[].
Il dénonce «l'humour de lâches» de Charlie Hebdo[].
Par ailleurs, il déclare n'être ni Charlie ni Paris mais «perquisitionnable», faisant référence aux perquisitions et assignations à résidence qui ont après l'attentat visé plusieurs militants[44].
Judaïsme
[modifier | modifier le code]Tariq Ramadan a été accusé d'antisémitisme[].
Il déclare de son côté que:
«Les musulmans, au nom de leur conscience et de leur foi, se doivent de prendre une position claire en refusant qu'une atmosphère délétère s'installe en France. Rien dans l'islam ne peut légitimer la xénophobie et le rejet d'un être humain par le seul fait de sa religion ou de son appartenance.
Ce qu'il faut dire avec force et détermination, c'est que l'antisémitisme est inacceptable et indéfendable. Le message de l'islam impose le respect de la religion et de la spiritualité juives, considérées comme la noble expression des «gens du Livre»[].»
Selon un article de Sahra Mekboul et Arezki Metref paru dans Libération, Tariq Ramadan développe une présentation du «nouvel ordre du monde» où les musulmans sont les «opprimés» confrontés à des «oppresseurs», et il s'inspire de l'exemple de «la politique coloniale d'Israël au détriment du peuple palestinien» afin de «mobiliser les jeunes des banlieues» françaises issus de l'immigration et «traumatisés par les conséquences du ».
Selon les deux auteurs, Tariq Ramandan «n'aurait sans doute pas été au centre d'une polémique majeure s'il n'avait été accusé d'antisémitisme»[]. Pour L'Orient-Le Jour, «s'il s'est toujours défendu d'être antisémite, Tariq Ramadan n'a jamais caché son profond antisionisme, appelant à «un seul État dans lequel tout le monde vit»[44].
Homosexualité
[modifier | modifier le code]Sur l'homosexualité, Tariq Ramadan soutient que les familles musulmanes doivent expliquer aux enfants que ce n'est pas une pratique que l'on peut «normaliser»[].
Selon Caroline Fourest, des associations gays et lesbiennes sont inquiètes des «positions pudibondes et homophobes» de Tariq Ramadan[].
D'après le chercheur Haoues Seniguer, certaines des références théologiques de Tariq Ramadan portent un discours «ouvertement homophobe», à l'instar de Youssef al-Qaradâwî[